Paul-Louis Courier

épistolier, pamphlétaire, helléniste
photo1 photo2
 
prec A Mme Clavier de Tours, le samedi 22 novembre 1817 A sa femme A sa femme de Tours le vendredi 9 janvier 1818 Suiv

A Madame
Madame Courier
Rue des Quatre Fils n°15
A Paris

Tours, le mercredi 7 janvier 1818.

M Luynes e voici ici depuis une heure, chez Bidaut, bien portant. Le voyage m’a fait du bien quoique beaucoup plus fatigant que quand nous étions nous deux dans notre bonne voiture. Je me suis mis à l’hôtel de Luynes, Perrinet n’a pas une niche vacante. Je suis mieux là pour la chaleur ; il n’y faut point du tout de feu, c’est une vraie Provence.
Bourgeau n’a point payé ; il a promis pour ces jours-ci et je ne doute pas qu’il tienne parole. Cela ne m’empêchera pas de lui envoyer un huissier demain afin qu’il comprenne bien que je suis fort décidé à ne lui faire aucun quartier sur cet article ni sur l’autre. J’ai été chez Lavergne. Je ne l’ai point trouvé. J’y retourne à quatre heures.
Il fait un temps divin. J’en veux profiter pour aller demain chez Isambert. Je ne resterai ici que le temps nécessaire pour commencer et mettre en train les poursuites1 contre ce brigand et contre Doré, et puis pour établir mon logement chez Isambert. Bidaut m’a dit en courant qu’on lui proposait de tous côtés des maisons pour moi. Nous verrons cela2. Les gens de la Roche-Morin ne disent mot. J’en ferai assurément de même. Au reste il faut d’abord que je cause avec Bidaut, si toutefois je réussis par ruse ou par violence à n’emparer de lui un moment. C’est une grande erreur de croire qu’on puisse l’aborder et lui dire deux mots.
J’ai appris une chose qui me sera fort agréable pour l’avenir. C’est qu’il y a moyen d’aller d’ici à Paris en vingt-quatre heures par certaines voitures que la poste conduit. C’est un établissement nouveau qu’on a fait je crois exprès pour moi. J’imagine que je pourrai partir dans cinq ou six jours.
Nous n’étions que trois dans cette maudite diligence qui a failli verser sur la levée et nous rouler dans la rivière. C’est une voiture que je n’aime point. J’ai eu d’abord très froid aux jambes ; ma couverture que j’ai prise à Étampes m’a dégelé. J’ai cependant fort regretté ton châle bleu.
Je suis parti triste en te quittant. Je te voyais mal portante et mal contente, sans raison, ce me semble.
Mais ta fâcherie me fâchait. Adieu jusqu’à demain, il faut que j’aille mettre ceci à la poste.


[1] Courier pense au marchand de bois Bourgeau. Leur différend est réglé par le tribunal civil de Tours le 25 février 1819. Courier étant condamné, fait appel. L’audience se tient à Orléans le 20 novembre 1819, qui confirme le premier jugement.  Note1
[2] Ceci montre qu’à ce moment, Courier n’est encore pas fixé sur la maison qu’il pourrait acheter.  Note2

trait

prec A Mme Clavier de Tours, le samedi 22 novembre 1817 Home
Début
A sa femme de Tours le vendredi 9 janvier 1818 Suiv