Paul-Louis Courier

Courrierist, lampooner, polemist
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Pétition aux deux chambres (1816)

La Terreur Blanche

Maréchal Ney
Maréchal Ney
 

A près Waterloo, 1 200 000 soldats étrangers occupent la France. Cette occupation est à la charge du pays qui, par ailleurs, doit régler aux vainqueurs une indemnité de sept cents millions de francs.
On procède à une sévère épuration. Douze mille officiers sont mis à la retraite avec un traitement égal à la moitié de leur solde : on les appellera les demi-soldes ; trois cent mille soldats sont licenciés. Les arrestations se multiplient, dix-neuf chefs militaires sont déférés devant les tribunaux, plusieurs sont exécutés. ( La Bédoyère, Ney…) La Terreur Blanche prétend extirper de France les germes infectés par un quart de siècle de bouleversements que les proches de Louis XVIII veulent effacer.
L’Église relève la tête. Décidée à se rétablir, elle sera le fer de lance de la Restauration.
En Touraine, l’acteur zélé de ce retour aux valeurs anciennes est le préfet René-Claude Bacot, nommé à son poste en début d’année. Il va donner toute la mesure pour être remarqué en haut lieu.

« L'infâme affaire »

Luynes - Place de l'hôtel de ville
Luynes - Place de l'hôtel de ville
 

D epuis le 1er janvier 1813, le maire de Luynes, désigné par le pouvoir napoléonien, est Louis Delugré. Lors de la première Restauration, ce dernier avait organisé un accueil triomphal au neveu de Louis XVIII, le duc d’Angoulême, de passage en ce village le 1er août 1814.
Le 1er janvier 1816, Delugré préside un autodafé. Sur la place publique sont brûlés le drapeau tricolore et les insignes de l’empire. Ensuite de quoi, le premier magistrat prononce un discours « bien senti ».
Quelques jours après, le 5 janvier, un dénommé Fouquet est arrêté pour avoir manqué de respect à la religion dans la personne d’un de ses vicaires qui, dans l’après-midi, mène au cimetière une femme morte au petit matin. Ce « mécréant » est arrêté le soir même et conduit en prison.
Le 9 février 1816, Fouquet est condamné à un mois d’emprisonnement.
Quelques semaines plus tard, un homme étranger au pays, Georges Mauclair est arrêté à son tour.
Le 20 mars, à 6h du matin, vingt et un gendarmes investissent le bourg du village et arrachent de leurs foyers six « mauvais sujets » dénoncés pour avoir tenu de violents propos contre le maire. Dans la nuit du 20 au 21 mars, une main met le feu à la Fredonnière, maison où vit Madame Delugré. Les jours suivants, deux autres personnes sont arrêtées et le 6 avril encore deux autres, un sabotier et un menuisier. Total : dix personnes.
Le 7 septembre, la cour d’assises condamna un prévenu à la déportation (c’est-à-dire à un emprisonnement hors de Touraine), un autre à cinquante francs d’amende et trois mois de détention. Les huit autres, dont certains avaient été libérés le 12 août, furent relaxés mais comprirent qu’il leur fallait se tenir tranquilles.

La Pétition

C ourier réside encore à Paris. A la fin de novembre, de passage à Luynes où il se rend régulièrement pour veiller sur les propriétés forestières héritées de ses parents, il apprend du marquis de la Béraudière, son voisin et ami qui vit en son château de Beauvais les détails de toute l’affaire. Il glane des informations complémentaires d’autres habitants de Luynes.
De retour dans la capitale, il écrit sa Pétition aux deux chambres dans laquelle il dénonce « l’infâme affaire » et demande aux parlementaires d’œuvrer pour qu’au travers de l’exemple tourangeau, la France retrouve la paix sociale. Cet écrit parut le 10 décembre 1816. Les libéraux s’impliquèrent certainement car le jour même de la parution, chaque parlementaire découvrit cette Pétition sur son pupitre.
L’homme fort du gouvernement, le comte Decazes, reçut en personne un exemplaire. Il ordonna une enquête sur l’affaire de Luynes, enquête qui l’incitera à déplacer Bacot et à donner des instructions pour que de tels événements ne se produisent plus en France.
Après ce coup d’éclat, le nom de Paul-Louis Courier est sur toutes les lèvres des « mauvais sujets ». Accaparé par ses affaires en Touraine et par ses travaux de grec, il ne fera plus parler de lui…
Jusqu’à l’été 1819, date à laquelle il reprend la plume pour le compte du journal le Censeur et, cette fois, pour ne la plus quitter. Dès lors, il attaquera de plus en plus durement le pouvoir qui, Louis XVIII étant malade, donne des gages à la droite intransigeante et revancharde.

Sources : Jean Guillon, Pamphlets politiques choisis, éditions sociales
Michel Laurencin, la Terreur blanche en Touraine et le premier pamphlet politique de Paul-Louis Courier, communication donnée en séance de la Société archéologique de Touraine
Jean-Pierre Lautman, la Plume indomptée, CLD


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