Paul-Louis Courier

épistolier, pamphlétaire, helléniste
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prec de la comtesse de Salm Dick le 6 mai 1810 De M. Clavier Sans mention de Rome le 9 mai 1810 Suiv

Paris, le 7 mail 1810.

Monsieur,
Monsieur Courier
Chez M. de Rossi, banquier
à Rome.[1]

V Aubin-Louis Millin de Grandmaison Aubin-Louis Millin de Grandmaison (1759 - 1818)
 
ous devez, mon cher Courier, me trouver bien paresseux, mais j’ai été affligé à la fin de l’hiver d’un rhumatisme goutteux sur le bras qui m’a fait beaucoup souffrir. Je n’en suis pas encore tout à fait quitte, cependant je me porte beaucoup mieux. J'ai reçu votre Longus et celui de M. Coray ; nous attendons tous les deux avec impatience le texte grec et nous espérons que votre séjour à Rome vous procurera quelques autres découvertes. A propos de Longus, écrivez-moi donc précisément ce qui s'est passé au sujet du manuscrit qu'on prétend qui a été taché d'encre. Les Italiens qui abondent ici, et qui sont en général assez jaloux, ont beaucoup fait de bruit de cela, et ont prétendu que c'était une malice de votre part. J'ai pris votre défense très chaudement, et j'ai dit que je vous connaissais bien capable d'une étourderie, mais non d'une méchanceté. Renouard, à qui j'en ai parlé, m'a dit que cette tache était peu de chose. Mais comme ces criailleries propagées par la jalousie ont fait un certain bruit, il n'est pas mauvais qu'on y réponde. Je crois donc que vous ferez bien d'envoyer un exemplaire de votre Longus à Chardon La Rochette[2], et un à Millin si déjà vous ne l'avez fait et La Rochette fera dans le Magasin encyclopédique un article où il rétablira la vérité des faits telle que vous me l'aurez fait connaître[3].
Vous recevrez bientôt le second volume du Plutarque de M. Coray ; il s’est fait un peu attendre, mais il sera accompagné d’un autre ouvrage pour faire excuser le retard. Mandez-moi par quelle occasion je puis vous envoyer l’un et l’autre. J’y joindrai mon Histoire des premiers temps de la Grèce[4] si je puis m’en procurer un exemplaire, car mon libraire a fait banqueroute et l’édition a disparu presqu’en entier.
Dites-moi donc aussi ce que vous voulez faire pour votre Xénophon qui reste suspendu d’après vos ordres. Morelli[5] avait mis des variantes du mss. de Venise pour vous dans un paquet adressé à Barbier[6], bibliothécaire de l’empereur. Ce paquet s’est perdu dans les bureaux du Conseil d’État.
Ci-joint deux lettres, l’une de Langlès[7], l’autre du docteur Bosquillon pour vous remercier de votre Longus.

Tout à vous
       Clavier


Longus et son histoire absorbent en entier l’attention des savants et je suis véritablement perdue dans la bouteille d’encre. Tirez-moi de là, je vous prie Monsieur, pour me placer un peu moins loin dans votre souvenir. Vous êtes souvent présent au nôtre et d’une manière bien amicale.[8]


[1] Ce n’est pas Clavier mais son épouse qui écrivit cette adresse.  Note1
[2] En réalité Chardon de la Rochette.  Note2
[3] C’est Millin et non Chardon de la Rochette qui écrira cet article dans le Magasin encyclopédique.  Note3
[4] Histoire des premiers temps de la Grèce, depuis Inachus jusqu'à la chute des Pisistratides, pour servir d’introduction à la Grèce de Pausanias..., 2 vol. in-8 ; Paris, Léopold Collin, 1809.  Note4
[5] Morelli, Giacomo, (1745-1819) : ecclésiastique et érudit vénitien qui fut conservateur de la Bibliothèque Saint-Marc de Venise de 1778 à sa mort.  Note5
[6] Barbier, Antoine Alexandre ((1765-1825) : Ecclésiastique qui devint bibliothécaire et bibliographe, il fut le fondateur des bibliothèques du Louvre, de Compiègne et de Fontainebleau.  Note6
[7] Langlès, Louis-Mathieu (1763-1824) orientaliste, professeur de persan, administrateur-conservateur de la Bibliothèque nationale et membre de l'Institut, il contribua à la création de l’École des langues orientales à Paris.  Note7
[8] Ce dernier paragraphe est de la main de Mme Clavier.  Note8

trait

prec Du docteur Bosquillon de Paris le 14 avril 1810 Home
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