Paul-Louis Courier

épistolier, pamphlétaire, helléniste
photo1 photo2
 

Trois poèmes de Jean-Pierre Lautman

muguet

Paul-Louis Courier
       (acrostiche)

Poète, tu le fus, fourbissant tes pamphlets,
Accablant les puissants, criblant la cafardise,
Usant de ton talent, bravant la Cour d’assises :
Les maîtres n’aiment pas qu’on les traite en valets.

La mordante ironie te servait de curare.
Où ta plume trempait, bouillonnait la magie.
Un discours t’envoya vers Sainte-Pélagie ;
Il te coupa deux mois des feux du solfatare.

Si toujours tu t’en pris aux porteurs de livrée,
C’est qu’ils rivalisaient dans cette servitude,
Octroi des courtisans farcis de turpitude.
Une farouche horreur pour tous ces désœuvrés

Ramena ta révolte au milieu de l’arène.
Il te fallut mourir quand pointe le muguet
Et le complot tramé en forêt de Larçay
Rougit de tout ton sang la terre de Touraine.

(février 1989)

Stèle dans la forêt de Larçay
Stèle dans la forêt de Larçay (Photo J.P. Lautman)
 

Mystère de la stèle

Bien malin qui pourrait dire avec certitude
Pourquoi tes assassins l’innommable ont commis
Il aura bien fallu que quelqu’un leur promît
D’échapper sûrement aux lois de l’inquiétude

Qu’ils passassent à l’acte et à la turpitude
Fut-il décret qu’enfer avait ceux-ci vomis
Mercenaires affreux amants des alchimies
Que le vice étonné couvrit de gratitude

Tu gênais trop les uns défendais trop les autres
Criais pour les sans-voix comme ce fier apôtre
Qu’on cloua tête en bas sur la croix d’infamie

Quelle main en coulisse offrit que mort attèle
Ton convoi ténébreux aux fureurs ennemies
Pour qu’un coup de fusil engendrât cette stèle ?

Dieu et le diable
"Dieu et le diable" de Stéphane Jaspert
[http://jaspert.free.fr] 



Homme libre

On s’est trompé sur toi comme on pleure une étreinte
Soudain évaporée dans le petit matin
Les hommes du présent redoutent leur destin
Le froid s’est infiltré sous le faix de l’astreinte

Que n’es-tu là encor pour fouetter les contraintes
Imposées à nos vies par la voix des scrutins
Pamphlétaire installé près de Saint-Avertin
Qui nous montra la voie que nos peurs ont restreinte

Tu ne craignais pas Dieu ni diable ni le roi
Jamais tu ne cédas devant le désarroi
Et tu sus fustiger l’esprit de valetaille

Dans le soir les chacals t’ont voulu pilorier
Mais tu as refusé de ramper à leur taille
Car ton nom en défi claquait : Paul-Louis Courier

Jean-Pierre Lautman


ligne

Home