Paul-Louis Courier

épistolier, pamphlétaire, helléniste
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prec Introduction aux lettres de France et d'Italie A son père Lettre à son père du 29 septembre 1791 Suiv

Paris, le 28 avril 1787

Parc de Sceaux
Parc de Sceaux
V ivat ! mon cher père, vivat ! Voilà des lettres comme je les demande ; voilà ce qui s'appelle écrire. En vérité, vous auriez eu une belle querelle si je n'eusse pas reçu de lettres de vous. Mais le succès a passé mes espérances, et je n'aurais pas osé pousser mes voeux jusque là. Une seule chose m'a mis en colère, c'est que vous ayez pu soupçonner que vos lettres m'ennuyassent, après tout ce que je vous ai dit... après... J'allais m'échauffer, mais quatre pages de mon père suffisent pour me calmer.
J’ai retrouvé mon serin ; et s’il eût été perdu sans retour, je ne me serais pas allé pendre, mais j'aurais volontiers consenti à une plus grande perte pour recevoir des consolations comme les vôtres. Je ressemble aux amoureux pleins de chaleur qui ne peuvent se consoler de leurs pertes que dans les bras de leur maîtresse.
Nous n'avons pas plus eu de nouvelles de M. de La Frenaye que s'il n'eût jamais existé. M. Vetour a trouvé assez singulier qu'après l'avoir prié de lui garder une place il n'ait pas reparu du tout. C'est une chose faite pour étonner que ces gens qui vous paraissent occupés d'une affaire à n'en jamais sortir, et qui, l'instant d'après, ne s'en souviennent plus du tout.
J'ai fait, mardi dernier, le voyage de Sceaux, où j'ai vu de beaux jets d'eau, de belles statues et de beaux arbres bien taillés. Je crois que tout cela est parfaitement inutile à celui qui le possède ; et s'il y avait du froment ou des pommiers, cela ne serait pas si beau, mais cela vaudrait mieux.
Le même jour, j'ai pris ma première leçon de mathématiques.

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