Paul-Louis Courier

Korrespondent, Pamphletist, Hellenistische
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Lille, 29 mars 1812.

V lille2.jpg Lille
 
ous avez bien de la peine, mon cher Courrier, à quitter cette belle Rome ; je vous croyais déjà en route d’après votre dernière lettre, mais je vois bien qu’il ne faut pas trop compter sur ce que vous dites, et qu’il n’est pas encore trop sûr que nous nous voyions cette année ; vous ne savez pas combien j’en suis peiné, combien je désire vous revoir, et passer quelque temps avec vous.
Moi qui suis une femme de parole, je vais vous attendre à Paris, je compte partir du 15 au 20 avril ; mais je vous préviens que je n’y puis pas rester plus de trois semaines, ainsi si vous avez quelque envie de m’y trouver, hâtez-vous.
J’avais arrangé dans ma tête que je vous ramènerai à Lille avec moi ; cela est faisable n’est-ce pas, il faut bien que vous voyiez votre cousin, et il ne vient point à Paris ; et puis cela vous mettra sur la route de la Hollande, en revenant vous vous reposerez encore chez nous ; si tout cela vous arrange, dites-le-moi et vous me ferez grand plaisir.
Je vais conduite Jules et Victor à Paris pour les mettre en pension avec Alfred[1] ; vous ne reconnaîtrez à coup sûr pas ce cher Alfred, dont je suis séparée depuis six mois et que j’ai bien envie de voir. Vous verrez sa pension, vous me direz ce que vous en pensez, et si j’ai bien fait d’y mettre ses frères. Je désire que mes enfants fassent de bonnes études s’il est possible ; Alfred a des dispositions, mais il a une grande légèreté ; on prétend qu’il me ressemble en tout, sa figure est jolie, et ce qu’il y a d’extraordinaire c’est qu’elle ressemble beaucoup à la mienne.
J’adresse cette lettre à Rome, vous n’y serez peut-être plus ; si vous la recevez, répondez-moi, je retarderai mon départ pour paris jusqu’à la fin d’avril, si je le peux, mais cela ne dépend pas tout à fait de moi. M. Pigalle me presse de conduire ses fils à Paris, enfin, mon cousin, j’ai envie de vous voir, et au bout de huit ans, cela est assez naturel.
Comme il n’est pas très sûr que vous receviez cette lettre, je vous en adresserai une, poste restante à Milan. Que de précautions ! et pourquoi faire ? pour nous voir, et sais-je si vous y mettez le moindre intérêt !
Adieu, mon cousin, portez-vous bien, et arrivez, en attendant je vous embrasse de tout mon cœur, et suis toujours votre affectionnée cousine


Sophie Pigalle


[1] Louis Armand Pigalle et Sophie Bourgeois étaient parents de cinq enfants : Armand Louis Alfred, François Jules, Victor Frédéric Armand, Pierre Louis Frédéric Armand et une fille née le 5 décembre 1809, Ambroisine Sophie.  Note1

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