Paul-Louis Courier

Korrespondent, Pamphletist, Hellenistische
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prec A la princesse de Salm-Dyck A Mme Clavier A Herminie Clavier Suiv

A Madame
Madame Clavier
Rue du Chantier n°8Paris, le mercredi [6 ou 13] avril 1814.
à Paris

Madame,

J Jacob et Rachel de William Dyce (1806-1864) Jacob et Rachel de William Dyce (1806-1864)
 
e vous prie de vouloir bien me renvoyer par le porteur ma canne que j'ai laissée chez vous. J'ai un mouchoir à vous que je vous renverrai si vous me défendez de vous le porter moi-même.
Il y a quinze jours aujourd'hui que je vous dis ce mot dont vous vous souvenez : tout ce que j'aime est ici. Cela était parfaitement vrai. Vous alors, Madame, vous voyiez en moi un homme destiné à faire le bonheur de votre fille, et par là le vôtre et celui de toute votre famille.
M. Clavier pensait comme vous. Sa sœur, me disait-il, allait être contente. M. Lemontey paraissait également satisfait. Tout le monde approuvait une union qui semblait de longtemps préparée, et fondée sur mille rapports. Pour moi, je fus heureux ces huit jours que je me crus votre gendre. J'aimais, Dieu me pardonne, tout comme à vingt-cinq ans, et d'une amour que personne ne pouvait blâmer. Cette fois mon plaisir et mon devoir se trouvaient d'accord ; j'éprouvais dans cette passion, qui a fait le tourment de ma vie, un sentiment nouveau de calme et d'innocence. N'en riez pas, non. C’est le mot, et je voyais s'offrir à moi un bonheur durable. Qui m'a enlevé tout cela en si peu de temps ? Ce qui perdit la pauvre Psyché : conseils de parents.
Il est fort assuré que vous ne trouverez personne qui vous soit aussi sincèrement attaché que je le suis, ni qui vous estime avec la même connaissance de cause, personne qui vous convienne aussi bien à tous égards, hors un point que vous ne regardez pas comme essentiel ; et pouvez-vous sacrifier tant de convenances à un petit ressentiment de vanité offensée, lorsque vous savez que l'offense ne vient pas de moi, et que vous la voyez réparée par un si prompt retour. Toutes les autres raisons que vous et M. Clavier me donnâtes l'autre jour, franchement sont misérables. Car tout se réduit à dire que je l'aime trop, et que je suis trop facile à me laisser conduire ; fâcheuses dispositions dans un homme qui doit l'épouser et vivre avec vous.
Je ne sais vraiment qu'imaginer pour vous faire changer de résolution. Dites à M. Clavier, Madame, je vous prie, que je ferai pour lui toutes les traductions, recherches, notes, mémoires, qu'il lui plaira me commander. Je tâcherai d'être de l'Institut. Je ferai des visites et des démarches pour avoir des places, comme ceux qui s'en soucient. En un mot, je serai à lui, à ses ordres, en tout et partout. Trop heureux s'il me rend ce qu'il m'a déjà donné et qui, à vrai dire m'appartient. L'autre ne travailla que sept ans pour Rachel. Moi je travaillerai aussi longtemps que M. Clavier voudra et ce ne sera pas trop de lui consacrer toute ma vie, s'il la rend heureuse.
Je suis avec respect, Madame,
Votre très humble et obéissant serviteur.

Courier

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