Paul-Louis Courier

Epistológrafo, libelista, helenista
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prec Lettre à Monsieur Clavier de Lucerne le 29 août 1809 De M. Clavier[1] Lettre à M. et Madame Thomassin - 12 octobre.1809 Suiv

Paris, le 3 septembre 1809.

Théagène recevant la palme des mains de Chariclée Théagène recevant la palme des mains de Chariclée
 
N ous vous avons écrit quatre fois, mon cher Courier, et n’avons pas eu de réponse. Heureusement qu’Alexandre Basili[2], de Vienne, a écrit à M. Coraï et vous a mandé que vous aviez quitté l’armée. Dites-nous donc comment il se fait qu’après avoir été si empressé de reprendre du service, après avoir même un peu rêvé ambition, vous l’avez quitté de nouveau si brusquement ; je crains bien que vous n’ayez fait encore quelque coup de tête.
Vous ne me demandez pas de nouvelles de votre Xénophon, et vous avez raison, car j’ai honte de vous dire que le texte grec n’est pas encore fini d’imprimer. Stone[3] , avec beaucoup de bonne volonté, a très peu de caractères grecs et n’a point de compositeur pour cette langue ; c’est donc son prote, homme très intelligent, qui compose lui-même ; et comme il a d’autres obligations, cela ne va pas vite[4].
Vous voilà donc entièrement libre de parcourir l’Italie ; si, en visitant les bibliothèques, vous trouvez quelque manuscrit de Pausanias qui vaille la peine d’être collationné, je vous prie de m’en donner avis. Je vous enverrai la liste des principales lacunes qui se trouvent dans cet auteur, et les manuscrits qui auront les mêmes ne méritent guère d’être collationnés, puisqu’ils seront sans doute semblables à ceux que j’ai ici. Je me suis remis à ce travail, quoique je ne prévoie guère quand je pourrai le finir[5]. J’y fais tous les jours de nouvelles corrections ; mais malheureusement il y a beaucoup plus de lacunes qu’on ne croit, et ce n’est que par le secours des manuscrits qu’on peut les remplir. J’ai vu à Paris un Grec qui a demeuré longtemps à Florence, et qui m’a dit y avoir vu, dans la bibliothèque de Saint-Victor[6], un manuscrit de Pausanias du neuvième siècle, plus ancien par conséquent que tous ceux que nous connaissons ; comme vous y passerez sans doute, veuillez vous en informer…


Courier


[1] Selon toute apparence, cette lettre et la précédente, écrite par Courier, se sont croisées.  Note1
[2] Il ne reste qu’un seul roman d’Héliodore d’Émèse, divisé en dix livres : Les Éthiopiques ou Les Amours de Théagène et de Chariclée. Les spécialistes considèrent ce roman au style clair et simple comme l’un des meilleurs du genre. Il fourmille de détails sur l’état de l’Egypte de l’époque où il fut écrit. Théagène, prince de Thessalie et Chariclée, mystérieuse jeune fille élevée par un prêtre de Delphes et désignée pour devenir prêtresse d’Apollon tombent amoureux. Ils s’engagent à demeurer chastes jusqu’à célébration de leurs noces. Aidés par un prêtre égyptien, ils s’enfuient vers l’Egypte. Après de nombreuses aventures, ils se retrouvent en Ethiopie. Là, on les arrête et on s’apprête à les immoler. Coup de théâtre : on découvre que Chariclée est la fille des souverains d’Ethiopie. La traduction de cette œuvre en 1547 fut la première entreprise d’Amyot. La meilleure édition est celle de Coraï publiée en deux volumes en 1804. Le tome 1er contient le texte, avec préface en grec moderne adressée à Alexandre Basili qui fit les frais de l’édition.  Note2
[3] Né en 1763 à Taunton (Somerset) ; élevé par son oncle, négociant en charbon à Londres, à qui il succède. Adepte de l'unitarisme ; membre de la « Society of Friends of the Revolution [of 1688] ». Enthousiasmé par la Révolution française, il séjourne à Paris à partir de 1792 et y fréquente les cercles politiques. Aurait été condamné à mort en Angleterre, où ses biens étaient confisqués. Emprisonné par deux fois en oct. 1793 et avril 1794 pour ses sympathies girondines, il doit s'exiler un temps en Suisse. De retour peu après à Paris, il reste politiquement engagé sous le Directoire. Un temps agent à Paris des poteries O'Reilly de Creil, il se lance vers 1805 dans l'imprimerie. Auteur entre 1795 et 1807 de plusieurs brochures à caractère confessionnel dont une a été publiée sous le pseudonyme Photinus. Breveté en janvier 1811 comme imprimeur, il doit se démettre dès mars 1813 suite à de mauvaises affaires. Naturalisé français en 1817, il meurt ruiné l'année suivante.  Note3
[4] M. de Sainte-Croix mourut avant de se charger de cette impression. Cette tâche échut à Sylvestre de Sacy qui demanda à Clavier de s’en occuper. L’impression réalisé par Stone ne donna pas satisfaction à Courier.  Note4
[5] Cette traduction de Pausanias, en six volumes, paraîtra de 1814 à 1823. Clavier ne la verra donc pas achevée. Courier veillera sur cette édition ainsi présentée : tome 1. : I. Attique, II. Corinthie ; tome 2. III. Laconie, IV. Messénie ; tome 3. V. Élide 1, VI. Élide 2 ; tome 4. VII. Achaïe, VIII. Arcadie ; tome 5. : IX. Béotie, X. Phocide ; tome 6. Index et notes.  Note5
[6]Erreur de Clavier, Florence n’accueille aucune abbaye Saint-Victor ; par contre, on en trouve une à Crémone.  Note6

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