Paul-Louis Courier

Epistológrafo, libelista, helenista
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prec De M Renouard le 28 décembre 1809 De M Renouard Sans mention de Florence le 8 février 1810 Suiv

Paris, le 6 février 1810.

Monsieur

J Corriere Milanese 14 gennajo 1811 Corriere Milanese 14 gennajo 1811
 
e reçois votre lettre, je remettrai moi-même demain à Mme Marchand celle que vous lui écrivez, et je veillerai à ce qu’elle vous fasse une prompte réponse.
Vous avez sans doute reçu la lettre que je vous ai écrite il y a quelques jours, et vous aurez vu que j'attends non sans beaucoup d'impatience, le bienheureux fragment et tout ce qui s'ensuit ; j'espère que vous allez m'envoyer bientôt tout cela, et je me repose sur votre activité et votre bonne amitié ; mais il est bien actuellement question d’autre chose. Connaissez-vous le bel article mis par nos honnêtes messieurs1 dans le Corriere Milanese ? en voici une copie pour votre édification2. Comme ces excellentes personnes n'ont pas été jusqu'à oser signer leur petit libelle, il me semble que le remède est à côté du .mal, et qu'on peut leur ménager un très gracieux expédient pour chanter la palinodie, sans compromettre leur dignité, et leur grande réputation de sincérité et probité. J’écris par ce courrier à M. le Préfet3 que, je gage vous avez presque complètement négligé depuis mon départ ; je lui envoie copie de l’article, plus un bout de déclaration, ou contre déclaration, que je le prie de bien vouloir faire signer par ces messieurs après que vous aurez eu la complaisance de le translater en langage toscan4. Je suis persuadé qu’on ne le refusera pas et ce sera une affaire faite. Si par hasard on se refusait à cette demande, j'ai tout prêt un factum moitié sérieux moitié plaisant, dans lequel ces messieurs ne seront pas trop ménagés ; mais je vous confesse que cet expédient ne me plairait guère, et que je ne suis aucunement curieux de ce petit bruit qu'on fait en se querellant. J’espère que tout sera fini par la petite déclaration qui devra être insérée au journal de Florence, et que je ferai mettre aussi dans le Corriere milanese. Je mande à M. Fauchet que je vous écris sur tout ceci, et que je vous prie de le croire à ce sujet. J’attends de vos nouvelles et tout à vous je vous salue et vous embrasse.


Ant. Aug. Renouard


Pièce ajoutée par Renouard à cette lettre : Article du Corriere milanese du 23 janvier 1810

Firenze, 14 gennajo 1810..

Ebbe qui luogo, non ha guari un tratto vandalico, che prova fino a qual punto, la cupidigia possa acciecare sui veri interessi della letteratura quegli uomini medesimi, che professano di concorrere a' suoi progressi. Un librajo francese, che viaggiava in questi ultimi tempi in Italia, si recò a visitare la biblioteca Laurenziana. I conservatori di questo celebre stabilimento gli comunicarono parecchi manoscritti, e fra gli altri quello di Longo Sofista. I giornali hanno annunciato in quell'epoca, che nel percorrerlo, lo ritrovò più completo di quello, sul quale erano state fatte le edizioni del leggiadro romanzo di Dafni e Cloe, tradotto dal nostro Annibal Caro.
Questo librajo copiò adunque, colla più gran cura, il frammento, che non era stato pubblicato per anche, e quindi restituì il M. S. I conservatori, nel riceverlo, s'accorsero che tutta la parte, fin'ora inedita, era ricoperta d'inchiostro, e se ne lagnarono. Il librajo si scusò, col dire che sfortunatamente, il suo calamajo eravisi royesciato sopra. La sua scusa fu menata buona. Dai conservatori che sperarono d'altronde di far isparire la macchia cogli esperimenti conosciuti ; ma dopo parecchie prove, riconobbero vani tutti i loro sforzi, poichè la macchia era stata fatta con un inchiostro indelebile che non troyasi nè alla biblioteca, nè in alcun officio.
In tal maniera quest'avido librajo, per essere il solo possessore del frammento di Longo, non per anco pubblicato, si è privato d'ogni mezzo comprovante l'autenticità dell’edizione, che si propone di farne.

Traduction

Il a été commis ici, il y a peu, un acte de vandalisme qui montre à quel point la cupidité peut aveugler, sur les-authentiques intérêts de la littérature, ces hommes mêmes qui font profession de contribuer à ses progrès. Un libraire français qui voyageait ces temps derniers en Italie, alla visiter la bibliothèque Laurentienne. Les conservateurs de ce célèbre établissement lui communiquèrent quelques manuscrits, entre autres celui du sophiste Longus. Les journaux ont annoncé, à cette époque, qu'en le parcourant, il le trouva plus complet que celui sur lequel avaient été faites les éditions du charmant roman de Daphnis et Chloé, traduit par notre Annibal Caro.
Ce libraire copia donc avec le plus grand soin le fragment qui n'avait pas encore été publié, puis restitua le manuscrit. Les conservateurs, en le recevant, s'aperçurent que toute la partie, jusque-là inédite, était couverte d'encre ; ils s'en plaignirent. Le libraire s'excusa en disant que, par malheur, son encrier s'était renversé sur les feuillets. Ses excuses furent acceptées par les conservateurs, qui espéraient d’ailleurs faire disparaître la tache par les procédés connus ; mais après plusieurs tentatives ils constatèrent la vanité de tous leurs efforts du fait que la tache avait été faite avec une encre indélébile qui ne se trouve ni à la bibliothèque, ni dans aucun autre service.
Ainsi ce libraire avide, pour rester seul à posséder le fragment de Longus non encore publié, s’est privé de tout moyen susceptible de prouver l’authenticité de l’édition qu’il se proposait de réaliser.


[1] Renouard pense à del Furia, bibliothécaire de Florence et son adjoint Bencini.  Note1
[2] L’article du Corriere milanese du 14 janvier 1810 reproduit ci-dessous, n’émanait pas de del Furia mais affirmait tout de go qu’un libraire français, mû par la cupidité, avait volontairement maculé d’encre le passage absent des autres versions jusqu’alors connues du roman de Longus. Renouard, à juste titre, se sentit mis en cause. L’affaire commençait bien mal…  Note2
[3] Le baron Fauchet.  Note3
[4] Courier n’obtempéra pas à cette demande.  Note4

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