Paul-Louis Courier

Epistológrafo, libelista, helenista
photo1 photo2
 
prec Du comte Portalis au comte de Montalivet De Madame Marchand Du comte de Montalivet au comte Portalis Suiv

A Monsieur Courier
Chez Monsieur Gherardo de Rossi
Banquier – A Rome – Italie Ce 5 décembre 1810

J Jean François Boissonade de Fontarabie Jean François Boissonade de Fontarabie (1774 - 1857)
 
’ai été voir, mon cher Courier, le Monsieur du n° 351. Il m’a dit vous avoir écrit et informé de tout ce que vous vouliez savoir. Nous avons causé assez longtemps de vous, il espère que votre affaire s’arrangera à votre avantage. Il a été consulté sur le rapport à faire. Il m’a dit que l’Empereur avait été informé de toutes vos querelles littéraires ; qu’étant ancien militaire, il avait voulu savoir quel était l’homme qui faisait tant de bruit ; un général qu’il ne m’a point nommé a été consulté ; il a dit que vous étiez dans le métier de la guerre comme dans celui de la plume, en état de faire tout ce que vous voudriez. Mais comme dit M. de Sacy, vous avez la tête un peu légère. Ce M. a dû aussi vous écrire avoir su par M. de Sacy que vous aviez répondu au libelle lancé contre vous2. (C’est mon médecin3 qui m’a rapporté de vous ce qu’a dit M. de Sacy). J’ai demandé au M. du n° 35 s’il en avait reçu, il m’a dit que vous lui en aviez envoyé. Je le priai de m’en donner une, ce qu’il fit. Il me dit aussi qu’il avait fait passer cette lettre en Allemagne pour votre défense ; il m’a paru fort disposé à vous servir. Au reste, mon cher Courier, je ne comprends pas (il est vrai que je ne suis pas grecque) comment pour six ou sept pages que vous avez traduites, on fait autant de tapage. C’est ce que je disais au M. du n° 35, cela le fit rire. Si c’était toute une histoire entière que vous ayez traduit, cela en vaudrait la peine ; il m’a répondu que c’était si bien traduit, qu’il n’en fallait pas davantage pour faire connaître tout ce que vous pouviez faire4.
J’ai lu votre lettre à M. R. ; nous étions qu’entre nous, nous avons ri comme quand vous étiez avec nous. C’est bien de Courier, disions-nous. Vous vous êtes très bien peint ; nous sommes seulement fâchés qu’elle n’ait pu être mise dans les journaux5, tous les rieurs auraient été de votre côté.
Adieu mon cher Courier, vous pouvez me charger de toutes vos commissions, je ne quitterai point Paris de l’hiver, et suis avec mon attachement toujours le même, votre cousine.


[1] Ce « Monsieur » est Boissonade. Il habitait rue Hautefeuille, n° 35.  Note1
[2] Cette réponse est la Lettre à M. Renouard.  Note2
[3] Sans doute le docteur Bosquillon.  Note3
[4] Cette observation vaut son pesant d’or quand on sait que Boissonade était le maître incontesté et respecté en matière de grec.  Note4
[5] Il eût fallu, pour ce faire, disposer d’une autorisation du directeur général de la Librairie.  Note5

trait

prec Du comte Portalis au comte de Montalivet Home
Début
Du comte de Montalivet au comte Portalis Suiv