Paul-Louis Courier

Epistológrafo, libelista, helenista
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A Monsieur [Jeudi 29 juillet 1813]
Monsieur Courier
Rue des Bourdonnais

J Abel François Villemain Abel François Villemain
(1790-1870) 
e voulais commencer mon épître par ces mots : puisque tu veux te mêler de faire aussi des héros je t’engage, pour te mettre sur la voie, à venir passer la soirée demain chez mon frère1, rue de Chabanais n°1, avec M. Villemain2 qui est désigné pour faire l’éloge de mon héros et avec d’autres qui sont des panégyristes en herbe, des poètes en herbe, etc.
Mais je me suis aperçu que tu commençais toi-même ta lettre par ces charmantes paroles « puisque tu donnes des notices aux panégyristes etc. »
J’ai reconnu des qualités très héroïques dans celui qui t’occupe. J’ai eu l’avantage de le voir pendant deux heures ; il en a passé une à comprendre une chose qu’un homme ordinaire aurait entendue dans cinq minutes, mais à la vérité quand il a été au courant, il a employé une autre heure à expliquer ce qui pouvait bourgeoisement se dire en un quart d’heure.
Du reste s’il n’avait que du solide dans l’esprit, son extérieur n’offrait rien de brillant ; avec du talent tu pourras en faire quelque chose.
En vérité, je ne te concevrais pas, si je te connaissais moins, et si tu n’étais mon ami. Je vois que tu as toujours aimé la bonne compagnie, puisque tu perds ton argent en jouant à la paume. Héros et grand seigneur c’est tout un.
Viens demain vers huit heures, nous comptons sur toi.
Je t’aime et t’embrasse.


[1] Emmanuel Viollet-le-Duc, père du futur architecte.  Note1
[2] La notice de l’Académie française écrit :
« Né à Paris, le 9 juin 1790, Abel François Villemain fut lauréat de l’Académie en 1812 ; il le fut encore en 1814, et par dérogation à ses usages, l'Académie l'autorisa à lire lui-même l'œuvre couronnée devant l'Institut ; le roi de Prusse et l'empereur de Russie assistaient à cette séance, Villemain eut le tort de débuter en leur adressant un compliment ; il fut lauréat une troisième fois en 1816. Traducteur, critique, auteur de nombreux travaux littéraires, il fut professeur à la Faculté des lettres où il suppléa Guizot pour l'histoire en 1814 et remplaça Royer-Collard pour le cours d'éloquence française de 1816 à 1826 ; il chercha à concilier le clergé et l'Université ; avec Guizot et Victor Cousin, il donna une allure de liberté aux cours de la Faculté des lettres, qui furent suspendus ; il fut aussi maître de conférences à l’École normale et rédacteur au Journal des Débats, à la Revue de Paris, à la Revue des Deux-Mondes.
Il fut élu, à l'âge de 30 ans, membre de l'Académie le 24 avril 1821, en remplacement du marquis de Fontanes qui l'avait désigné pour lui succéder ; il fut reçu par François Roger le 28 juin suivant. Il fit partie de la Commission du Dictionnaire et écrivit la préface de l'édition de 1835 ; il répondit aux discours de réception de B.-J. Dacier, Féletz, Arnault à sa deuxième élection, et Scribe. En 1827, il avait rédigé et signé avec Chateaubriand et Lacretelle la supplique au roi en faveur de la liberté de la presse ; cet acte lui fit perdre sa place de maître des requêtes au Conseil d’État. Il fut favorable à Victor Hugo dès sa première candidature et vota toujours pour lui. Il fut nommé secrétaire perpétuel le 11 décembre 1834 et exerça une grande influence à l'Académie pendant près de cinquante ans. Villemain joua un rôle politique important ; il fut député en 1830, pair de France en 1832, ministre de l'Instruction publique de 1839 à 1844. »
Il meurt à Paris le 8 mai 1870.  Note2

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